Comprendre la thérapie EMDR

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Après avoir longuement parlé de l’EFT, j’avais envie de vous en dire plus sur l’EMDR. EMDR pour Eye Movement Desentitization and Reprocessing (in english, of course) qui signifie mouvements des yeux, désensibilisations et “retraitement” de l’information. C’est une approche thérapeutique qui a aujourd’hui  fait ses preuves et qui a été très étudiée par les chercheurs les scientifiques grâce notamment aux nouvelles technologies de l’imagerie. Cette méthode  est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et en France par la Haute Autorité de Santé (HAS) ce qui est donc un gage d’efficacité.

Comment l’EMDR a été découvert ?

C’est une psychologue américaine, Francine Shapiro, qui l’a découvert en l’expérimentant d’abord sur elle-même. En effet, un médecin lui a annoncé brutalement qu’elle était atteinte d’un cancer. Elle est retournée effondrée chez elle, s’est mise sur son lit et a laissé machinalement  errer son regard d’un coin à l’autre du plafond. Elle se rend compte que ça lui fait du bien.  Elle a ensuite proposé cet exercice à ses collègue puis ses patients, elle a obtenu des résultats impressionnants.  Elle a fait une thèse sur ce sujet et a également travaillé avec des des anciens soldats du Vietnam par des traumatismes de guerre. C’est une méthode reconnue dans le monde entier.

Qu’est ce que l’EMDR ?

Cette thérapie visait surtout au départ le stress post traumatique (ex : attentats, accidents, viols, agressions) et les manifestations émotionnelles négatives qui sont liées à ces évènements. Cela concerne les personnes qui ayant vécus ces évènements ont eu suite à ces derniers des traces d’images très négatives et des manifestations physiques d’angoisses, de stress, parfois de toc, de phobie et d’insomnie qui sont liés à ces événements bien identifiés. Aujourd’hui l’EMDR est ouvert aussi à d’autres pathologies : on retrouve des personnes qui ont vécu ou qui vivent des burn-outs, des dépressions, des divorces difficiles…

Lors d’une séance le thérapeutes va faire son anamnèse pour établir un diagnostic. Bien que généralement la méthode soit décrite avec l’utilisation de la main (voir d’une baguette), elle peut également être pratiquée avec le tapotement alternatif (tapotement des genoux) ou d’autres canaux sensoriels comme l’audition (casque avec stimulation stimule par des sons de l’oreille à l’oreille l’oreille gauche de manière alternative. Quelque soit la méthode utilisée, le thérapeute le fait sur une fréquence de 2 à 4 hertz. L’objectif est de pouvoir stimuler les deux hémisphère cérébraux de manière très rapide pour aller avoir accès aux événements traumatisants qui ont été stocké dans le cerveau au niveau du système limbique (cerveau émotionnel).

Ces souvenirs très négatifs qui ont été stockés dans ce système limbique et plus particulièrement dans l’hippocampe et l’amygdale tournent un petit peu comme un hamster qui marcherait dans sa roue. Ces souvenirs sont associés à des émotions très négative, du stress, de l’angoisse…

Par ces mouvements oculaires ou par ces tapotements répétitifs le cerveau va se mettre à déplacer ces informations pour les rebasculer dans le cortex cérébral ce qui fait qu’avec le temps et avec la progression de la séance la personne va réussir à prendre de la distance par rapport à ces événements traumatisants sans pour autant oublier les émotions.

Il faut savoir qu’en EMDR il est également possible de travailler à partir d’une sensation du corps.

Combien de séances sont nécessaires ?

Le nombre de séances EMDR dépend de l’évènement. L’avantage est qu’il ne faut pas nécessairement se dire qu’il faudra des années et des années de psychothérapie.

Cela va dépendre du psychotraumatisme (appelé généralement trauma) à traiter. Cela peut aller d’une à plusieurs séances.
S’il s’agit d’un trauma simple, il peut se régler en une séance d’exposition aux stimulations bilatérales alternées. Dans ce cas, il s’agit d’un événement unique, traité immédiatement. Le praticien enlève très rapidement les images, les sensations et les émotions. Mais attention : si derrière ce trauma il y a autre chose, une histoire complexe, alors cela peut faire remonter des problèmes profonds. Dans ce cas, l’EMDR nécessitera d’autres séances. Il faut savoir que c’est le cerveau qui travaille : personne ne choisi ce qui se passe.
S’il s’agit d’un trauma complexe, trouble de stress post traumatique, qui fait donc référence à des symptômes de stress associés à des événements répétés ou susceptibles de se répéter à tout moment, qu’il s’agisse d’avoir été victime directe ou indirecte de violences physiques ou morales, d’avoir évolué dans un contexte d’insécurité affective, donnant lieu à des troubles de l’attachement (blessures de rejet, d’abandon…). Cela donne souvent lieu à des troubles anxieux (attaques de panique), à des troubles dépressifs (troubles du sommeil, perte d’intérêt, ruminations…), à des phénomènes dissociatifs (sentiment de ne rien ressentir, de ne pas être totalement dans son corps, ressentir l’environnement comme flou, irréel…), à des comportements addictifs (consommation d’alcool, de cannabis…), à des troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie). Dans ce cas l’EMDR permet également la guérison du trouble de stress et de tous les troubles associés mais cela nécessitera plusieurs séances.
Il faut tout de même retenir que le nombre de séances dépend du niveau de détresse subjective ressentie par la personne, de ses ressources et de sa demande.

Enfin, l’EMDR fonctionne plus facilement pour les personnes qui sont encore dans l’émotion liée au traumatisme. Cela évite de faire ce qu’on appelle un syndrome post traumatique. C’est un enkystement du traumatisme ce qui fait que ça passe dans le corps et ça reste un kyste et dans le corps et ça peut avoir multiples conséquences et notamment des conséquences corporelles. Ex : dépression, mal aux pieds, mal aux bras suite à un choc émotionnel.

Comment se déroule une séance d’EMDR ?

Une séance se passe normalement en huit phases.

Lors de la première phase on accueille la personne ont fait liste on voit l’histoire du sujet et on va travailler sur ce qu’on appelle un plan de ciblage c’est à dire qu’on va cibler le problème qu’il va falloir travailler. Pour ça  il faut partir sur des déclencheurs du présent, remonter l’origine pour essayer de trouver le souvenir source. Ensuite il faut traiter le souvenir source pour repasser au présent et voir les scénarios du futur.

L’EMDR peut également traiter la douleur mais attention ce n’est pas miraculeux. Il peut diminuer les douleurs mais ça ne les supprime pas. Dans les grandes douleurs comme l’angoisse cela peut l’enlever, les supprimer. La douleur en tant que tel par contre non.

Deuxième phase on explique l’EMDR, comment on se positionne. En général les deux chaises ne sont pas en phase mais en position de bateaux qui se croisent.

Le travail est en mouvement oculaire ou mouvement alternatif. Le travail peut également être de mettre les gens en sécurité c’est à dire qu’on va leur développer un lieu sûr au cas où ils aient de l’angoisse.

Cette préparation peut se faire en plusieurs séances. Elle est cruciale car elle permet aussi d’instaurer une relation de confiance entre le praticien et le thérapeute.

Dans la troisième phase donc c’est l’évaluation c’est à dire que par rapport au traumatisme on va chercher :

  • l’image la plus difficile ensuite on va chercher la cognition négative c’est-à-dire que quand vous voyez cette image qu’est ce que ça dit de vous en négatif.
  • la croyance positive c’est à dire qu’est ce que vous pourriez dire de positif sur vous même. C’est une autre chose mais qui n’est pas forcément réel pour la personne. C’est ce qu’elle aimerait avoir mais c’est pas vraiment ce qu’elle ce qu’elle a donc on évalue sa sur une échelle entre 1 et 7. En général le patient n’a pas du tout cette croyance.
  • quelle émotion ça vous fait donc là on voit le une échelle où on regarde ce qu’on appelle le sud c’est-à-dire l’échelle subjective de traumatismes qui est entre 1 et 10 : 10 étant le maximum de perturbations et 1 étant le minimum
  • on localise cette émotion dans le corps. Exemples : ça me serre la gorge, ça va m’appuie sur le ventre. Plus on est proche du corps plus on dit les sensations du corps mieux marche. Si les gens sont dans leur mental ça marche beaucoup moins bien alors que si on est dans l’émotion ou dans la sensation du corps ça marche très bien.

La phase 4 on désensibilise par des mouvements oculaires on demande aux gens de repenser à l’événement, on leur demande de se lier à la croyance négative et à la sensation corporelle. A partir de là on fait environ 24 mouvements oculaires et on demande aux gens que ce qui se passe. Comme en faisant ça, on les fait passer en cerveau droit : moins il y a d’intervention et mieux ça marche. Si la personne elle commence à vous dire que ça lui rappelle quelque chose, il faut les ramener car il repasse dans le cerveau gauche donc ils sortent du canal alors que ce qui est important c’est qu’ils restent dans le même canal. Il faut surtout se recentrer sur le corps. La perturbation doit arriver à 0 c’est à dire ne plus rien ressentir. Cela peut être très rapide  quelques secondes, quelques  minutes.

A noter : le risque est que cela fasse remonter autre chose. C’est ce qui a été évoqué dans les effets secondaires. Au patient de savoir s’il pense pouvoir le traiter seul ou s’il a besoin d’être assisté. Il reste déconseillé de faire un travail thérapeutique seul. 

La phase 5, il faut vérifier la croyance positive en vérifiant que la croyance positive est toujours la même ou si elle a changé.

La phase 6 est l’installation de la croyance positive et la réalisation d’un scanner du corps. Il est possible d’installer la croyance positive puisque la croyance négative a été enlevée par des mouvements oculaires et qu’il a bien été vérifié que la perturbation a été mise à 0. L’installation de la croyance positive se fait également par des mouvements oculaires jusqu’à ce qu’ elle soit bien ancrée.

On fait ensuite un scanner du corps. On demande aux gens de repenser à l’événement et à la croyance positive et on leur demande de ressentir leur corps des pieds à la tête pour voir s’il y a encore des sensations désagréables et s’il y a des sensations qui apparaissent on travaille dessus jusqu’à ce qu’il ait plus rien. Si après les gens vont bien on refait des mouvements oculaires pour les stabiliser dans leur bien-être après. Pour vérifier via une échelle entre 1 et 7 et il faut que la la croyance positive arrive à 7.

La phase 7 on évalue ce qui s’est passé à la séance. On dit aux gens que l’EMDR peut continuer à travailler, même si pendant la séance vous ne ressentez rien, vous pouvez très bien avoir une crise de peur ou d’angoisse deux jours après.

La phase 8, on revoit le patient pour savoir ce qui s’est éventuellement passé depuis la séance.

Questions fréquentes sur l’EMDR

Pourquoi l’EMDR ne marche pas ?

Lorsque vous vous posez cette question, il faut commencer par s’assurer que les 2 prérequis sont remplis :

  • Pré-requis n°1 : Il faut une confiance mutuelle : confiance du thérapeute envers ses patients et sa qualité de transformation et eux dans la qualité de thérapeute. Sans cela, le travail ne peut pas se faire et quelque soit la thérapie. Il faut savoir que la formation EMDR est réservée aux médecins, psychologues et psychothérapeutes officiels labellisés. Il faut un thérapeute qui descende dans votre histoire, qui prenne le temps d’y aller. C’est comme la SNCF, “un train peut en cacher un autre”. Les gens peuvent venir pour une histoire mais en réalité ils viennent pour quelque chose de plus profond, dont ils ont conscience ou non.
  • Pré-requis n°2 : il faut que vous soyez prête. Il faut que vous soyez prête à aller chercher au plus profond de vous et à vous dévoiler. Il ne s’agit pas d’y aller en attendant un résultat si vous n’êtes pas prête à vous donner tous les moyens pour y parvenir. Il faut aussi prendre en compte votre personnalité. Si vous êtes quelqu’un de très cérébrale, qui a du mal à laisser place aux émotions, cela peut vous demander plus de temps.

Encore une fois, c’est une méthode qui a fait ses preuves et qui est reconnue. Elle n’est pas pour autant adapté à tous. Seulement, si vous y croyez et que vous vous posez la question “pourquoi l’EMDR ne marche pas sur moi?”, vérifiez que ces deux prérequis sont bien remplis.

Quelles sensations après une séance EMDR ?

Après une séance EMDR nous réagissons tous différemment. C’est pour cela que vous trouverez plusieurs personnes se demander si les sensations ressenties sont “normales” ? Mais au final, peut-on vraiment les prévoir ? Chaque trauma a été vécu différemment car nous sommes uniques, notre cerveau réagira donc à sa façon à ce nouvel encodage. A la fin de la séance, vous pourriez très bien vous sentir bien et vous sentir “guérie”. Mais vous pourriez très bien avoir des émotions qui remontent quelques jours après. Ne surtout pas s’inquiéter mais les écouter. Comme expliqué plus haut c’est le cerveau qui travaille. Il faudra ensuite en reparler à votre thérapeute. D’ailleurs, si vous n’arrivez pas à gérer ces sensations, il faut le recontacter sans attendre le prochain rendez-vous.

Vous verrez qu’il y a des articles qui justement indiquent quels sont les effets secondaires possibles après une séance EMDR. Des effets secondaires tels que la fatigue, les maux de tête, le stress, l’apparition d’autres souvenirs, l’effet rebond ou des émotions inhabituelles. La liste est loin d’être exhaustive.

Quel est le prix d’une séance EMDR ?

Les honoraires de prix étant fixés librement, la fourchette de prix est assez large. Une séance d’EMDR peut aller de 50€ à 150€. Il n’est pas choquant que les honoraires soient libres, c’est le cas de la plupart des thérapies. Le prix va dépendre de la durée de la séance, du patricien (statut, expérience), du lieu d’exercice. Si c’est un médecin, vérifiez s’il est conventionné secteur 1 ou secteur 2.

Est-ce que l’EMDR est de l’hypnose ?

Pas du tout car dans l’hypnose il y a de l’état de conscience dans l’EMDR il n’y a pas du tout de modification c’est vraiment votre cerveau qui travaille et qui fait son boulot de nettoyage. On ne peut pas influencer la personne, il peut sortir des choses que les gens avaient enkystés.

Comment cela se passe en cas de traumas complexes ?

Quand ce sont des traumas complexes ou des traumas chronique comme des maltraitances d’enfance là il y a tout un travail qui est beaucoup plus long. Il faut plusieurs séances ou alors il faut travailler sur la restauration de l’enfant intérieur. Parce que autrement si on prend chaque trauma vous pouvez en avoir pour vingt ans alors que si vous travaillez sur la restauration de l’enfant intérieur vous pouvez sortir du trauma.

Peut-on associer l’EMDR a d’autres thérapies ?

L’EMDR sous hypnose est possible. L’EMDR peut s’associer avec d’autres thérapies, comme l’EFT. L’EFT travaille sur les méridiens d’acupuncture. En EFT il y a un point particulier qu’on appelle le point d’intoxication et lorsqu’on appuie sur quelqu’un cela fait très mal. Quand ce point est coincé, l’EMDR marche mal parce que les gens ils sont que dans leur tête et pas dans leur corps. Il peut donc y avoir un déblocage de ce point afin qu’ils soient mieux dans leur corps et que ça fonctionne. Le premier travail c’est de les faire entrer dans leur corps pour qu’ils y soient présents et une fois qu’ils sont présents alors là on peut travailler beaucoup plus profondément.

Est-ce que cela peut réveiller un traumatisme qui était traité ?

Si vous êtes vraiment passé au delà du traumatisme : si on vous redemande de repenser à votre trauma votre cerveau ne réagira pas: il ne se passera rien.  Si c’est fini c’est fini par contre il peut y avoir des aspects qui ont été traités et pas d’autres.

Est-ce qu’il va les contre indications ?

Pour les gens qui ont eu un traumatisme neurologique donc ils faut faire attention qu’il n’y ait pas de crise d’épilepsie. Généralement le praticien doit vous proposer de faire des petits essais avec dans un premier temps des petits tapping afin de voir ce qu’il se passe. Certains patients maitrisent également leur crise ou plutôt les voir venir. Pas de mouvements oculaires avec eux.

Pour les femmes enceintes éviter également au début.

Comment être certaine que je suis en face d’un professionnel en EMDR ?

L’EMDR est une thérapie à part entière avec des protocoles bien précis. L’EMDR est un sigle protégé, seuls les médecins psychiatres ou des psychologues cliniciens peuvent pratiquer ou en tout cas utiliser ce sigle. L’EMDR pour autant commence aussi à s’ouvrir à d’autres thérapeutes mais c’est quand même très réglementé. Si vous voulez être sûr que votre praticien est bien certifié il existe un annuaire de praticiens www.emdr-france.org. Vous pourrez avoir accès à toute une liste de praticiens qui utilisent cette méthode.

Quel est le danger de l’EMDR ?

Danger est un terme fort mais par là, je voulais dire quel est le risque. A mon sens, le “danger” de l’EMDR c’est que c’est votre cerveau qui choisi et non vous en tant que patient. Tout ce qui est dit est ensuite traité.

N’oubliez pas que dans le présent ce sont les portes d’entrée du passé c’est à dire que vous avez des réactions présentes à des événements qui ne sont des fois pas forcément traumatiques mais vous avez tout de même des réactions qui sont exacerbées et maximum. C’est une réaction énorme par rapport à un petit événement qui indique que ça touche quelque chose que beaucoup plus profond. C’est une alerte.

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